Studio Rijsel . architecten De Vylder Vinck Taillieu
I.
C’était devenu un endroit/lieu que tout le monde avait oublié. Un endroit/lieu oublié. Un endroit/lieu sans avenir. Un endroit étrange. Entre des rues sinueuses et les traces serrées des voies de chemin de fer . Quelques voitures et une utilisation implicite. En attente. Et cela même n’était plus dans l’esprit. Il attendait plus.
Pas seulement à cause du temps qui s’est passé. Mais aussi son apparence depuis le début. Un long bout de terrain. Coupé aigu/effilé/vif le long des rails. Se déplaçant le long de la rue sinueuse. En fait, pratiquement concourante en deux points.
En fait, pas de proportion. Apparemment aussi pas d’échelle. Une forme qui pourrait faire obstacle à presque toutes les idées immédiates possibles. Toutes ces caractéristiques spéciales peuvent être plus facilement considérées comme un lieu d’impossibilité qu’un lieu avec une certaine réalité immédiate.
II.
Les bureaux ne sont plus ce qu’ils étaient hier. Et probablement demain ils seront encore plus différents de ceux déjà si différents aujourd’hui. Les bureaux et surtout les idées au sujet de ces bureaux – appelez-les des modes de travail/des façons de travailler et de préférence l’expérience de travail – bougent.
En même temps, un certain nombre d’idées sur les tailles, et les proportions et les échelles d’espaces restent plus au moins valables. Non seulement à cause de l’organisation des bureaux mais aussi en raison d’une certaine économie de réalisation – budget – ainsi que d’une certaine économie de marché – tailles gérables -.
III.
Comme si cela n’était pas compatible avec cet endroit. Comme si cet endroit ne pouvait pas convenir dans toute son inconvenance. Comme si une certaine économie et ces certaines impossibilités étaient incompatibles.
Peut-être pas du tout. Par un simple exercice. Une taille standard , reconnaissable – plutôt une largeur de bureaux – et puis un couloir au milieu et puis encore cette même taille – encore une fois: cette largeur – se plie dans le mouvement le long de la rue. En fait, la plus longue courbe du terrain. Un exercice simple et quel résultat.
Une ligne remarquable le long de la rue, s’ajuster à elle, la suivre. Généreuse comme une ligne qui s’écoule. Et un bel espace ouvert de l’autre côté. Comme si la vague du côté de la rue faisait saillie de l’autre côté et que la ligne de coupe nette le long de la voie disparaissait un instant.
IV.
Un bureau clair et efficace. Étiré/étendu sur le côté le plus long possible du site. Avec la largeur la plus appropriée possible à savoir une double épaisseur de bureaux pour des surfaces de travail optimales. Une meilleure économie de l’espace et de la réalisation. Portant toute largeur, d’un côté – lire: façade – à l’autre côté- lire: autre façade -. L’impossible – ces idées et ces économies qui caractérisent les bureaux – peut avoir apparemment des possibilités à cet endroit.
V.
Mais une ligne nette le long des voies a été respectée. Et cette ligne projetée a été prise en compte. Soudain un bel endroit , central, entre cette vague et la ligne de démarcation. Un lieu central comme un cœur. Un cœur ouvert. Visible le long des voies. En même temps, visible d’un côté du site à l’autre.
Finalement un endroit. Finalement un endroit où vous voulez être/où l’on veut rester. Où l’on veut travailler.
VI.
Et pas seulement une question de possibilités attendues. Mais aussi une question de possibilités spécifiques. Que ce plan de pliage permette d’une part à ce qui pourrait ne pas être considéré comme possible, c’est plus que cela. Car d’autre part il y a plus. La ligne nette le long des voies – lire: une autre façade – définit cet espace supplémentaire entre cette ligne souple du bureau et cette ligne nette le long des voies.
Cet endroit supplémentaire est spécifique. Si économique et pragmatique, mais précise est cette ligne souple/flexible des bureaux ; si spécifique et si différente et, de plus, si stimulante/encourageante est cet endroit supplémentaire.
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VII.
L’espace supplémentaire est à la fois un patio et un balcon sur ces voies dont la dynamique se ressent bien derrière le verre de la façade acoustique de cette ligne nette sans que trop de bruit/nuisances ne dérangent le patio.
VIII.
Les galeries/coursives situées le long des bureaux continuent verticalement les lignes horizontales des voies. La dynamique est partagée. Mais la paix a été trouvée sous la lumière du sud.
IX.
De grands espaces circulaires, mais doux, unissent tous les étages qui y travaillent ou qui y vivent. Avec une vue sur les voies. Sous la lumière du sud.
Bien qu’un simple plan ou un mouvement généreux, ce lieu incarne une lecture favorable inattendue de ce qui était d’abord considéré comme un lieu d’impossibilité. Et pas seulement une lecture pure et favorable. Une lecture qui rend les impossibilités encore plus possibles. De façon inattendue. Un basculement plutôt qu’une solution. Un basculement en réponse à une question qui apparemment ne semblait pas être une question.
X.
Au dernier étage, cette dynamique se poursuit. La double hauteur permet alors des espaces hauts et bas , la lumière tombe sans contrainte. Tout ce qui est nécessaire pour qu’un bureau soit également un bureau – des salles de réunions, des espaces de rencontres et de présentation- se trouve en haut dans le prolongement de ces coursives/galeries. Comme à chaque extrémité d’étage, le fait de ne pas terminer en épousant la pointe de la parcelle laisse juste assez de façade pour les rendre spécifiques.
XI.
La ligne de façade le long des voies est transparente et légère. Immédiatement derrière, et en courbe, une façade peut être vue. Une façade comme un bureau aujourd’hui peut avoir une façade.
Grands plans ouverts – lire: fenêtres – en même temps un rythme et une structure clairs. Cette idée se poursuit également le long de la courbe de la rue. Le même rythme donne la taille et l’échelle. Les plans ouverts peuvent être divisés en arrières-plans fermés et en fenêtres ouvrantes. Une échelle et une proportion en rapport avec la taille de la ville. La ville proche et la ville, plus loin.
XII.
La ville a son histoire. Histoire de la construction. Pour/dans les matériaux et les détails. Ce bureau lit cette histoire et réécrit cette lecture. La brique rouge devient le cadre du rythme. La brique émaillée verte fait le fond des ouvertures. Les extrémités des longues lignes du bureau répètent l’émail vert.
XIII.
De simples fenêtres font du bureau un endroit où tout le monde veut être. Veut travailler. Veut rester. Veut désirer. Fenêtres simples avec des ailes qui s’ouvrent. Des coursives/galeries qui rayonnent et deviennent des loggias. Des étages supérieurs qui invitent à s’attarder et à se rencontrer, à faire des réunions. Pas un endroit mais plusieurs endroits pour rester.
XIV.
Le bureau n’est pas seulement à cet endroit. Il «signe» cet endroit. Mais cela «touche» aussi cet endroit – il est aussi «touché» par cet endroit. Cela touche cet endroit.
Pas simplement comme une ligne. Mais encore plus comme une danse. Cela touche le sol. Et tout de suite ça se redresse. Des arcs longs et complets et longitudinaux – lire: arc doux – d’une part, puis à nouveau des arcs courts et demi et transversaux – lire: arcades fortes – d’autre part, relier et exalter en même temps.
Cette hauteur de mouvement en même temps qu’une longue mesure de ce mouvement fait ce qu’un bureau comme celui-ci veut faire dans une ville. Un geste généreux, invitant et transparent. Où le hall se montre par une pente douce. Dans un même temps, la transparence de cet autre côté peut également être ressentie du côté de la ville. Cet endroit particulier/spécifique central peut déjà être découvert à partir d’ici.
XV.
Travailler ne sera plus jamais pareil. Pas seulement à cause de ce – c’était alors impossible ou est-ce maintenant possible – lieu. Mais aussi à cause de la façon dont l’idée d’un bureau a été redessinée ici – bien qu’entre-temps elle soit devenue le potentiel/la possibilité de cet endroit impossible.
XVI.
Et entre les deux juste assez de hauteur pour un double empilement de voitures soigneusement rangées. Sans avoir à être un parking.
L’étage inférieur – lire : le socle- fait ce qu’il doit faire: donner à ces voitures un lieu propice à la visite de la ville. Et ceci d’une manière qui ne veut pas seulement réaliser un programme, mais veut plutôt être un geste.
Un geste qu’une ville ne veut pas seulement laisser tomber entre les autres bâtiments, un bâtiment ne doit pas simplement être une surface entre des murs.
XVII.
Cette ville proche. Cette ville -encore toujours- nouvelle. Cette ville européenne. Cette nouvelle ville. Cette nouvelle architecture. Entretemps depuis longtemps. Mais toujours aussi actuelle.
Ce bureau a lu la ville au loin. La ville et son histoire. Lille. Lille Flandres. Cette idée de construire. Ce bureau s’inscrit dans cet avenir qui se veut son environnement. EuraLille. Cette idée des lignes en mouvement. Dans son plan. Et dans son mouvement sur le terrain. Ces longs arcs et ces mouvements libres. Rien d’étonnant dans ce contexte, Euralille.
XVIII.
Ce n’est pas juste une ambition. C’est justement plus qu’une ambition. C’est la lecture de cet endroit et de cet endroit dans son contexte et de ce que cet endroit est dans son contexte pourraient nous faire lire/comprendre.
En même temps, comprendre que les probables impossibilités, l’économie et le pragmatisme d’un bureau, grâce à cet endroit apparemment impossible, puisse avoir un avenir différent. C’est exactement ça. Pas plus que ça.
XIX.
Les impossibilités se tournent vers des possibilités. Et non des possibilités comme des réalités irréalisables. Mais juste par un basculement/une tournure/une autre direction comme une différence faisable.
Plus que bien. De façon inattendue, beaucoup plus.
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FLANDRE LILLE FLANDRES
LILLE EUROPA GHENT