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PYO

Museum of Natural History Extension . Geneva

PYO . useum of Natural History Extension . Geneva (1)

PYO arquitectos

Implanté sur un terrain en pente, le Muséum d’Histoire Naturelle bénéficie d’une position remarquable. Dominant le carrefour et la rue de Villereuse, ses bâtiments apparaissent comme posés sur un piédestal et leur disposition profite de la forte déclivité du terrain. La parcelle contient une végétation importante, en particulier de nombreux beaux arbres de diverses essences. S’appuyant sur le caractère du paysage urbain environnant, l’implantation stratégique du nouvel édifice poursuit et respecte l’identité relative au lieu et aux éléments préexistants.
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SITE
L’édifice actuel est composé de trois corps rectangulaires distincts: le principal -le bâtiment des expositions-, un deuxième corps accolé perpendiculairement au premier, formant un volume détaché de la façade, tenant le rôle d’un monumental portique au-dessus de l’entrée principale du musée, puis un troisième corps -le bâtiment scientifique-, qui forme avec le bâtiment des expositions un angle obtus. La nouvelle structure est pensée comme un agrandissement du bâtiment existant dans une logique unitaire, solidaire et complémentaire. Le nouveau bâtiment des collections, édifié sur un plan rectangulaire prenant une nouvelle direction sur le site, s’approche des volumes existants jusqu’à se fusionner dans un élément de charnière. Ainsi, il s’affirme dans un riche environnement de verdure tant par son volume rigoureux et simple que par sa matérialité, en restant visuellement détaché des immeubles avoisinants.
Depuis l’entrée du public au bâtiment des expositions, placée à l’endroit le plus élevé du site, à l’angle de la route de Malagnou, la présence du nouveau bâtiment affiche la double vocation du Musée: la diffusion des connaissances et la conservation des collections. Par l’articulation de sa volumétrie, le bâtiment parvient, d’une part, à se démarquer pour signifier son caractère technique, et d’autre part, à dialoguer avec le bâtiment existant en définissant la nouvelle image représentative du Musée d’Histoire Naturelle de Genève.
Depuis l’entrée scientifique à l’arrière du site, le bâtiment des collections s’implante au bas du terrain et articule l’accès du personnel du Muséum. La surface goudronnée existante s’efface pour faire place à l’extension du parc de Malagnou vers la place de jeux située sur le parking de Villereuse, et les cheminements piétonniers existants à travers le jardin sont prolongés pour améliorer l’accès piéton du public depuis le nord. La façade arrière actuelle devient ainsi une nouvelle façade représentative du centre de recherche scientifique du Muséum.

CONCEPT
L’invention d’un système de rayonnage moderne a trouvé ses origines en Suisse. Au courant de l’année 1947 l’ingénieur Hans Ingold adapte son invention à un système d’archivage et de stockage compact et mobile permettant d’optimiser l’espace, donnant naissance au système de stockage Compactus®.
Le projet pour le nouveau bâtiment des collections reprend le concept du Compactus en le faisant pivoter 90 degrés et en changeant son échelle. Six étages renfermant des dépôts de collections rangées dans des compactus sont empilés les uns au-dessus des autres pour former un volume extrêmement compact et unitaire.

PROGRAMME
Le nouveau bâtiment des collections se raccorde aux bâtiments d’exposition et scientifique au moyen de l’extension du corps de liaison actuel. Dans cette intersection, les trois bâtiments créent une zone solidaire d’utilisation commune.
Dans cet espace de charnière, l’entrée au nouveau bâtiment se trouve au niveau -2, de même que celle du bâtiment scientifique. Le personnel du Muséum accède ainsi sous une marquise avant de pénétrer dans un hall où un puit de lumière laisse entrer la lumière naturelle. En prolongement du hall d’accueil, on retrouve le réfectoire du personnel, bénéficiant d’un vide d’étage maximal et d’une relation optimale avec le corps de liaison des bâtiments, véritable lieu de croisement des circulations, et avec l’extérieur.
Les camions de livraisons disposent d’une rampe d’accès pour véhicules lourds donnant accès direct à la salle d’accueil de matériel vivant contaminé, isolée et indépendante des autres locaux, qui s’incline par rapport à l’orientation du plan du nouvel immeuble. Les salles de tri et de consultation se situent elles aussi au niveau -2 bénéficiant de lumière naturelle et de vues sur la verdure du parc de Malagnou.
Au centre du plan de la charnière, une colonne vertébrale génère des poches programmées et différenciées: local de ventilation, ascenseur et monte-charge, escaliers de secours; qui desservent chaque niveau. Sur le plan, ces espaces “servants” sont clairement séparés des espaces “servis”: les étages du nouveau bâtiment sont réservés aux espaces de dépôts des collections des différents spécimens, regroupées dans deux locaux compartimentés par niveau. Tous les compartiments atteignent la surface maximale de sécurité de 150 m2 et sont dimensionnés de manière optimale pour pouvoir accueillir différentes dimensions de compactus, adaptés sur mesure à chaque collection spécifique, en prenant compte de la circulation aisée des chariots de transports de collections. Comme à l’échelle des étagères compactus, l’objectif est de mettre en place une bâtiment modulaire et flexible susceptible de permettre des ajustements futurs.
Le hall central du bâtiment des expositions est entièrement remanié. Les programmes les plus privés sont déplacés de façon à vider et agrandir la zone d’accueil des publics. Les chambres d’hôtes pour l’accueil des scientifiques venant étudier des spécimens au Muséum sont déplacées au niveau -1 du nouveau bâtiment, avec un accès autonome et indépendant côté parc, et une possibilité de connexion directe avec le bâtiment scientifique. La salle de cours est déplacée au niveau -2 du bâtiment scientifique, avec la possibilité d’accès direct depuis l’extérieur.
La dalle du niveau d’accès du public est découpée suivant la logique circulaire des étages supérieurs en intégrant un escalier d’accès au niveau -1, desservant principalement les vestiaires et sanitaires publics. La boutique vient se situer au niveau 0, profitant de lumière naturelle et d’une relation directe avec le hall central.

MATÉRIALITÉ
Les façades du nouveau bâtiment sont le reflet de son contenu. Dans la recherche d’une translation du concept de superposition de couches, de stratification intérieure, exprimé par la coupe, les façades sont construites en béton cyclopéen, contenant des blocs de pierre dont la taille diminue tout le long de l’évolution en hauteur du volume.
La séparation claire des espaces destinés au dépôt des collections (espaces servis) et des circulations et locaux techniques (espaces servants) est visible de l’extérieur: ces deux fonctions ont leurs propres matériaux, lourds ou légers, ce qui les différencie davantage.
Le volume ainsi défini, sans échelle matérielle précise, dialogue naturellement avec les matériaux des bâtiments existants -marbre blanc de Carrare du bâtiment des expositions et béton apparent du bâtiment scientifique – et s’intègre entre les diverses sculptures existantes dans le parc de Malagnou.

ECONOMIE
Le nouveau bâtiment est compact et performant du point de vue énergétique: le projet privilégie très largement la compacité en vue de la réduction de l’emprise au sol. Aucun sous-sol n’est prévu sous la dalle d’accès au nouvel immeuble: ce choix permet de maîtriser au mieux l’impact sur l’environnement, tant au niveau urbain qu’au niveau du milieu naturel, ainsi que la réduction des coûts. La compacité s’exprime aussi du point de vue des installations, qui sont regroupées et minimisées, ce qui est à l’origine d’une grande synergie spatiale.

TECHNIQUE
La structure de béton du nouvel immeuble, composée de dalles et de murs porteurs, se veut simple et efficace dans la perspective que le bâtiment soit au service de la fonction, qui est ici la conservation des collections.
Étant destiné à toutes les collections conservées dans l’alcool et aux collections d’invertébrés conservés à sec (entomologie et arthropodes), le nouveau bâtiment répond aux exigences de l’OPAM et permet la conservation des collections dans des conditions climatiques froides et stables, à une température de +/- 13ºC et une humidité relative de +/- 50%. Le contrôle de la concentration des vapeurs et d’alcool dans l’air et la rénovation d’air s’effectuent dans le local prévu à cet effet à chaque étage.
Les sols, en linoléum naturel, assurent une lisseté optimale, sans joints ni seuils, ainsi qu’un facile entretien et une asepsie garantie, grâce aux propriétés antibactériennes, hypoallergéniques et également antistatiques du lino.