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Frundgallina

Maison de la Tourbière . Les Ponts-de-Martel

frundgallina architectes . photos: © Olivier Di Giambattista

The transformation of the Hotel-Restaurant du Cerf in Ponts-de-Martel into La Maison de la Tourbière aligns with current concerns: reusing instead of demolishing; rehabilitating before building from scratch; and enhancing and modernizing a built heritage without artifice.

The objective is twofold. On one hand, it aims to showcase a nationally valuable landscape heritage, and on the other hand, to restore social and cultural attractiveness to a remote village
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Hôtel et restaurant du Cerf, Centres d’interprétation de compétence
Les Ponts-de-Martels / NE / CH

frundgallina architectes fas sia, Neuchâtel

Auteur : frundgallina
Photos : Olivier Di Giambattista

La transformation de l’Hôtel-Restaurant du Cerf des Ponts-de-Martel en la Maison de la Tourbière s’inscrit dans les préoccupations actuelles : réutiliser au lieu de démolir ; réhabiliter avant de construire du neuf ; valoriser et moderniser un patrimoine bâti sans artifice. L’objectif est multiple. D’une part, il vise à positionner au-devant de la scène un patrimoine paysager de valeur nationale, et d’autre part, de rétablir au centre d’un village reculé une attractivité sociale et culturelle. 

Dehors comme dedans, le bâti existant, dont l’origine remonte au XVIIIe siècle, a été mis à nu. La structure porteuse, maltraitée et abîmée, a entièrement été consolidée. Reconstruite localement dans la continuité des traces historiques, selon des procédés excluant l’utilisation du béton au profit du bois massif local et de la brique de terre-cuite, elle participe à la définition des pièces de vie. Les altérations subies ont été effacées. Les parties historiques patrimonialement intéressantes ont été préservées et mise en valeur. Les éléments de l’enveloppe, sols, parois, toitures, ont été complétés de matériaux isolants thermiquement sans en altérer leur identité.
 
La Maison de la Tourbière nous accueille par une impressionnante nouvelle coiffe, construite de bois et de tuiles. Sur la gauche, la façade de l’Hôtel du Cerf rayonne dans toute sa splendeur. Sous le grand avant-toit, une haute porte en bois cadre une ouverture redessinée dans l’épais mur en pierre de l’ancienne étable. Elle nous aspire et nous invite à pénétrer à l’intérieur. De là, la Maison de la Tourbière révèle son programme, ses matières, son atmosphère. Au-dessus, relié par un nouvel escalier droit en bois, l’espace monumental du centre d’interprétation présente l’histoire des tourbières. A gauche, la salle du restaurant du Cerf s’étire d’un seul tenant. Plus loin, on accède aux étages par l’escalier à double volée, témoignage intéressant et préservé datant du début du XXème siècle. Un centre de compétence pour y étudier la tourbe, une salle polyvalente, ainsi que sept chambres d’hôtel et un dortoir y sont distribués. 

Les nouvelles interventions se révèlent pour en comprendre leur sens, en toute simplicité. Elles dialoguent avec la substance historique. Les matériaux bruts ont été privilégiés, choisis et employés pour ce qu’ils sont. Sapin, épicéa, frêne, hêtre, terre-cuite, grès, plâtre, se côtoient. Là, un papier peint d’époque, ici un pilier de brique témoin d’un agrandissement passé… Le mobilier, conçu et dessiné par les architectes, a été réalisé par les menuisiers de la région. Les chaises en bois centenaires entassées dans un grenier ont été restaurées et réutilisées. Le soir, le tout s’éclaire de lampes sphériques, déclinées en applique murale ou en plafonnier, parfois suspendues en solitaire ou en grappe.

Joli jeu d’équilibriste, entre histoire et modernité, l’architecture de la Maison de la Tourbière peut être qualifiée d’honnête et franche, comme étant en quête d’intemporalité.