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Cité de la musique . Geneva
David Chipperfield Architects . Burckhardt + Partner
Selected competition entry.
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Polyphonie Comment doit s’intégrer la nouvelle Cité de la Musique dans le site proposé tout en tirant parti de la complexité de son programme interne ? Une série de questions capitales nous a permis d’établir le cadre d’une réponse architecturale cohérente. Où se trouve l’entrée ? Dans le but de donner une forte présence institutionnelle au bâtiment tout en faci- litant l’accès des visiteurs, l’emplacement le plus approprié pour l’entrée principale se situe logiquement face à la Place des Nations et à proximité immédiate des transports publics. Le projet propose une extension de la place vers l’entrée prin- cipale du bâtiment, permettant ainsi aux visiteurs de se déplacer librement sur le site. Par ailleurs, la seule option viable pour développer une stratégie pertinente d’accès pour les véhicules et les livraisons consiste à les envisager du côté de la route de Ferney. Cela renforce et justifie la volonté de s’ouvrir publiquement vers la Place des Nations. Où doit être placée la salle philharmonique ? L’emplacement de la salle philharmonique est capital. Du fait du caractère linéaire du site, ce positionnement engendre une série de contraintes qui impactent à la fois sur la séquence d’arrivée, sur l’emplacement et la connexion de l’école, ainsi que sur la répartition des programmes publics et partagés. Ainsi la salle philhar- monique est placée à l’extrémité nord du site, en réponse à l’emplacement de l’entrée principale. Elle devient le point culminant d’une arrivée séquentielle, qui se prolonge depuis le parvis jusqu’à l’intérieur du bâtiment. En contrepartie l’école bénéficie, elle, d’un emplacement remarquable au sud du site. La Cité de la Musique doit-elle se concevoir comme entité indivisible ou comme un conglomérat de parties ? À l’échelle urbaine, afin de renforcer l’identité et le caractère du complexe, la pro- position volumétrique exprime l’articulation des entités programmatiques princi- pales représentées par le grand hall d’entrée, l’école et les fonctions publiques principales. Le bâtiment se présente donc, au niveau volumétrique et program- matique, comme une agglomération d’espaces et de fonctions qui se superposent pour créer un geste urbain pertinent. Le projet se distancie de l’idée d’un seul élé- ment. Il prône plutôt l’interaction entre une série d’activités interdépendantes qui bénéficient de leurs proximités respectives. La plus grande partie du programme de l’école s’installe dans un volume haut et compact situé au Sud-Ouest du site, proposant un volume lisible en lui-même, un nouveau repère dans la ville, conférant ce faisant à l’entier du complexe son carac- tère proprement institutionnel. Le volume principal de l’école dépasse le gabarit actuellement imposé sur le site. Cependant, du fait de la nature et de l’importance de cette nouvelle institution, le projet de la Cité de la Musique appelle une présence urbaine plus forte que celle prévue par l’actuel gabarit propre à l’échelle résiden- tielle genevoise. Les espaces communs de la Cité de la Musique se logent quant à eux dans un volume de jardin, linéaire, qui longe le parc, permettant au complexe de profiter et d’établir un lien fort avec le paysage environnant. Les volumes de l’école et du jardin sont séparés, générant le hall d’entrée qui dirige, depuis la place publique et son grand portique d’entrée, vers l’intérieur du bâtiment. Les partis pris, à la fois sur le plan urbain (intégration dans le site) et organisa- tionnels (interactions entre les différentes fonctions), confèrent au projet une pré- sence à la hauteur de ses ambitions. La matérialité du projet permet de définir une expression et une identité architecturale simples et lisibles qui unifient l’ensemble. À l’intérieur de ce cadre précis, les activités internes se diffusent à leur tour vers l’extérieur de façons différenciées. La trame horizontale en béton signe l’expression architecturale principale. Elle affirme le quadrillage structurel du bâtiment, qui répond aux conditions spatiales variées définies par le programme, tels que les espaces cellulaires, les espaces de rassemblement et les salles de concert. Elle fait office de médiateur entre les diffé- rentes échelles de lecture du bâtiment : le complexe dans son ensemble, les entités volumétriques, la structure et les éléments constructifs. Cette trame définit l’échelle de la plus petite fenêtre pour les espaces cellulaires, et exprime le programme de l’école vers l’extérieur. Les remplissages opaques sont composés de six panneaux en béton de couleurs et textures contrastés. Un nombre limité d’interventions à grande échelle a lieu ponctuellement sur la façade du bâti- ment, interrompant le rythme de la trame. Celles-ci comprennent des retraits et des saillies qui donnent une importance supplémentaire à certaines fonctions ma- jeures telles que le portique d‘entrée, le foyer côté parc, le balcon des auditoriums et le balcon de la bibliothèque. Approche urbaine La Cité de la Musique prend en compte et tire parti d’un contexte périphérique large et varié : vers l’Ouest, le milieu dur et minéral de la route de Ferney et, vers l’Est, l’atmosphère plus accueillante du parc. Futur véritable espace représentatif dans la ville, il est impératif que l’entrée principale soit dirigée vers la Place des Nations et son extension, le parvis. L‘entrée principale à l’extrémité Sud permet à l’espace public de la Place des Nations de se prolonger sur le site. En complé- ment, plusieurs entrées autour du bâtiment sont prévues afin de contribuer à la création d’une structure dynamique, active, ouverte, accessible à tous, qui puisse être investie par le public, les étudiants, tous les visiteurs, qu’ils soient genevois ou d’ailleurs. Le projet tient compte et tire profit de la topographie, lui permettant ainsi de s’implanter en toute harmonie dans le contexte naturel existant. Le long de la façade Nord, autour de la grande salle, le paysage rencontre le foyer et crée ainsi une transition douce et calme. (…) Sur sa frange Est le projet actuel dépasse légèrement la limite de construction imposée. Ce débord permet une composition plus harmonieuse et équilibrée qui traite de la même manière le rapport à la ville et au parc. (…) Organisation et espaces internes Le hall d’entrée constitue l’un des principaux éléments structurant le bâtiment, espace situé au centre des parcours que le public, les étudiants, les employés et visiteurs de la Cité de la Musique emprunteront pour se rendre aux différentes fonctions du complexe. Les façades intérieures des volumes de l’école et de celui côté jardin, ainsi que le toit vitré contribuent à la création d’une ambiance à carac- tère urbain, qui agit comme transition entre le contexte minéral de la ville, les acti- vités de groupe de l’auditorium et de l’école, et le parc. L’entrée s’établit en espace de rencontre. Elle permet aux visiteurs d’apercevoir la multitude d’activités qui se déploient au sein du bâtiment. Au niveau fonctionnel, cet espace aide à orienter les visiteurs et met à leur disposition renseignements et services d’accueil tels que vestiaires et billetterie. L’emplacement de la grande salle à l’arrière du site génère une séquence d’arrivée dilatée, un parcours préparant le public au spectacle, lieu par ailleurs animé par l’activité estudiantine se déroulant aux étages supérieurs. Les principales zones de foyer autour de la grande salle philharmonique sont accessibles par un grand escalier central qui les relie également avec l’école et les zones communes, en orientant les visiteurs à travers tout le bâtiment. Le public accède à la salle lyrique, au black-box et à la salle de récital depuis le hall d’entrée par un foyer se dévelop- pant vers le soubassement, espace néanmoins éclairé naturellement. L’intérieur de la salle philharmonique est conçu comme un espace intime entière- ment dédié à la musique. L’acoustique y est créée naturellement par une architec- ture calme et posée, où les revêtements en bois expriment son volume extérieur comme s’il avait été creusé à partir d’un seul bloc. Bien qu’au niveau volumétrique le projet établisse clairement trois volumes dis- tincts, l’organisation interne se distancie de cet ordre volumétrique pour profiter du site et des opportunités programmatiques, créant une diversité d’espaces et de relations. Les espaces clé de l’école viennent s’approprier les volumes de la salle philharmonique et du jardin, encourageant ainsi le mélange des usagers et des idées à l’intérieur d’un même bâtiment. La cafétéria se situe au deuxième étage dans le volume faisant face au parc. L’espace principal de la bibliothèque de mu- sique, situé au quatrième étage, est un espace public de lecture à double hauteur qui entoure la salle philharmonique. Cet espace possède un deck d’observation qui permet de regarder vers le bas dans la salle, donnant aux étudiants la possibilité de suivre les concerts et/ou les répétitions. (…) Le public peut alors profiter de l’ambiance de l’école comme partie intégrante de l’expérience du concert, lui permettant d’expérimenter à la fois la création et l’in- terprétation de la musique. Le bénéficiaire principal de cette proximité entre acti- vités institutionnelles et culturelles sera l’école. Tirant parti de son emplacement et de ses spécificités spatiales, cette école est rendue unique par son organisation et son interaction autour d’une nouvelle salle de grande capacité, profitant des spectacles et activités s’y rattachant, ainsi que du parc et de la ville à l’extérieur. _ David Chipperfield Architects Ltd Burckhardt + Partner SA Design team: David Chipperfield, Billy Prendergast, Alasdair Graham, Andy Wakefield, Wilfried Schmidt, Mariko Tsunooka