Kunik de Morsier architectes . photos: © Nicolas Delaroche
La transformation d’une maison individuelle au Chalet-à-Gobet au-dessus de Lausanne est la première réalisation de Kuník de Morsier.
La maison se situe en périphérie du village, au bord de la route nationale qui relie Lausanne à Berne. Au nord s’étend une vaste zone forestière, le bois du Jorat, alors que du côté sud, un large pré embrasse l’horizon.
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Cette maison individuelle type des années cinquante était initialement habitée par le cantonnier de Lausanne avec son épouse et ses deux filles. Ces dernières, devenues depuis héritières, contactèrent les architectes Kuník de Morsier sans idée précise de l’usage futur qu’elles souhaitaient faire de la maison. Lors d’une première visite, les architectes furent surpris par la splendide vue sur les Alpes.
C’est probablement ce qu’avait ressenti Viollet-le-Duc alors il voyageait dans le massif du Mont-Blanc. Il retint par la suite dans ses notes que l’ordre crée par la formation des Alpes constitue « un travail méthodique de l’analyse, analogue à celui auquel s’astreint l’architecte praticien »1 . Kuník de Morsier fondent précisément leur projet sur un travail méthodique de l’analyse analogue. Ils observent soigneusement les spécificités de l’environnement naturel et transposent leurs impressions dans leur projet. C’est ainsi que la formation et l’évanouissement de la brume du matin est source d’inspiration. Ils préfèrent la création contextuelle à celle purement conceptuelle. Dans leur publication « Fuck Concepts! Context! »2 , le groupe d’architectes San Rocco décrit avec beaucoup de sens critique cette confrontation entre concept et contexte. Il s’agit d’abord de percevoir à nouveau la complexité de l’espace en tant que qualité propre et de la revaloriser sans la charger de concepts étrangers à l’architecture.
Dans la première phase – expérimentale – du projet, il n’y a pour Kuník de Morsier pas d’idée préconçue tant sur le plan spatial que matériel, mais essentiellement des esquisses réalisées dans le cadre d’intenses discussions avec le maître de l’ouvrage en accord avec les spécificités du site.
Dynamique de l’espace
Qu’en est-il de la mise en application concrète de ces principes théoriques?
Le cloisonnement étroit des pièces et de trop petites ouvertures empêchaient toute relation visuelle avec l’environnement et entravaient, en particulier, la vue sur les montagnes. Une première mesure fut dès lors d’abattre le mur au rez-de-chaussée séparant la cuisine de la salle à manger et le hall d’entrée du séjour et de reprendre les charges grâce à une poutrelle en acier. Ensuite, de larges ouvertures ainsi que des extensions telles des terrasses ont enrichi les façades sud et ouest. Dans ces nouveaux espaces, fenêtres et ouvertures s’enchaînent habilement, garantissant ainsi d’agréables volumes.
Ces deux interventions ont fait naître un espace dynamique qui crée de nouvelles relations visuelles à l’intérieur de la maison et établit le lien manquant avec le paysage et les montagnes. Le plan neutralisé permet une utilisation variée.
Pour chacune des extensions, l’extérieur et l’intérieur sont en dialogue tant fonctionnel que par rapport à l’espace. L’escalier extérieur confectionné en béton coulé sur place mène de la cuisine au jardin et sa terrasse en passant à côté du carré des plantes aromatiques.
A l’intérieur de la maison, la salle à manger est directement rattachée à l’extension côte sud qui, isolée, fait office de jardin d’hiver pendant la saison froide et de coin-repas à la belle saison. Les fenêtres pliantes-coulissantes peuvent pratiquement être entièrement rabattues devant les pans des murs et offrent de cette manière une vue dégagée sur la campagne. L’extension est entourée sur trois côtés d’un rebord accessible. L’escalier assure une transition fluide vers le jardin. La formulation architecturale des extensions est judicieuse, tant au niveau de l’espace que de la statique. Vu de l’extérieur, les percements de murs procurent une verticalité qui reprend adroitement la différence de niveau entre le jardin et le rez-de-chaussée et relie l’extension au sol.
Le même principe a été appliqué à la façade ouest où cependant le rebord de la terrasse n’est volontairement accessible que sur un seul côté.
Les passages entre l’extérieur et l’intérieur sont subtilement choisis et permettent une perception différenciée.
Au premier étage, les architectes ont choisi un plan en croix avec un espace de travail ouvert, une salle de bain, ainsi que deux chambres à coucher. De nouveaux velux amènent la lumière du jour dans les pièces.
Les sols sont revêtus d’un parquet en chêne et toutes les parois sont en placo-plâtre peint en blanc. Le choix de matériaux uniforme accentue l’impression de confort et la perception de fluidité de l’espace.
Au niveau énergétique, la maison a été adaptée aux normes actuelles. Les façades ont été isolées à l’extérieur et crépies. Le problème de la perte de lumière résultant des embrasures de fenêtres plus profondes a bien été résolu au moyen d’une coupe diagonale de l’isolation, étant toutefois précisé que cette solution diminue l’isolation précisément là où elle serait la plus importante.
Auteur Markus Zimmermann Traduit de l’allemand par Alain Pfulg
L’auteur Markus Zimmermann, né en 1980, est architecte indépendant à Berne et enseigne en tant que collaborateur scientifique à la Haute école spécialisée bernoise, architecture, bois et génie civil. Il a étudié
l’architecture à EPFL et obtenu son diplôme en 2009.
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Maison OCTOPUS, Lausanne
Type : Mandat direct
Maîtrise d’ouvrage : Privée
Localisation : Lausanne
Programme : Revitalisation d’une maison individuelle
Année: 2012
Statut: construit
Equipe: Valentin Kunik, Guillaume de Morsier
Photographe: Nicolas Delaroche
1 Eugène Viollet-le-Duc, Le Mont-Blanc, étude sur sa constitution géodésique et géologique, sur ses transformations et sur l’état ancien et moderne des glaciers, Paris, 1876, p XV-XVI, dans Pierre A. Frey : E.Vi- ollet-le Duc : Et le massif du Mont-Blanc 1868-1879, p. 116-117, Payot Lausanne, 1988. 2 San Rocco, Fuck Concepts! Context!, édition n° 4 2012.
