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EM2N

Cité de la musique . Geneva

EM2N .  Cité de la musique . Geneva (1)

EM2N

International competition. 4th prize.
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A deux voix

La Ville ouverte et la maison ouverte
La musique s’adresse à celles et ceux qui souhaitent l’incarner. Peu importe que la personne se contente d’écouter de la musique, qu’elle aime en jouer elle-même, qu’un musicien soit déjà au sommet de son art ou qu’il soit encore au début de sa formation. La Cité de la Musique a pour but de rassembler tous les types d’ama- teurs de musique, de forcer les rencontres et de susciter les découvertes et les surprises. Pour que la Cité de la Musique devienne un tel lieu de rencontre, elle doit être un lieu puissant capable d’éveiller la curiosité, de fasciner et de se transformer en adresse de choix. Elle doit en outre s’ouvrir à la ville, au grand public et rendre visibles les nombreux programmes intéressants aussi bien à l’intérieur qu’à l’exté- rieur. Elle doit par conséquent devenir un véritable centre culturel.

La Philharmonie en tant que centre culturel
Le regroupement de l’orchestre philharmonique et de la Haute Ecole de Musique, c’est-à-dire de deux acteurs partageant les mêmes buts, revêt un énorme poten- tiel programmatique. La fusion mutualise les forces existantes et les démultiplie. Il en résulte un lieu à la fois d’apprentissage et de pratique. L’importance du pro- gramme conduit à un corps de bâtiment emblématique qui peut s’imposer dans une ville abritant autant d’institutions de premier plan. Et la densité accrue de ma- nifestations et de représentations renforce la perception de la nouvelle institution aux yeux du grand public. Des éléments du programme nécessaires et complé- mentaires tels que la bibliothèque, le restaurant, le café, la salle de mouvements, les salles de conférences, les espaces d’exposition, la Black Box et le foyer forment bien plus que leur simple somme. Sur le plan de la synthèse, ils recèlent du poten- tiel de se compléter mutuellement et de rayonner vers l’intérieur et vers l’extérieur. La relation spatiale, visuelle et programmatique de tous ces éléments d’un grand établissement donne naissance à un phare culturel qui diffuse sa lumière dans toute la région.

La ville stimulée
La nouvelle Cité de la Musique se situe à l’interface des constructions urbaines dites en carré et d’un paysage d’espaces verts dans lequel de grandes institutions et d’importants édifices sont implantés. Nous développons le nouveau centre cultu-


rel à la verticale pour d’une part, ne pas surcharger plus qu’absolument nécessaire le parc de constructions et pour bénéficier d’autre part d’une adresse clairement établie sur la Place des Nations. Bien que le volume dépasse légèrement les condi- tions générales relevant du droit de la construction indiquées dans la documenta- tion du concours, il se comporte avec grande précision entre les imposants corps verts et les édifices existants. Sa hauteur est compensée par son développement longitudinal resserré. La simplicité du corps de construction est consciemment maintenue pour obtenir une expression symbolique.

Une expression raisonnable
La musique dégage quelque chose d’intrinsèquement intemporel. Chaque période fait ressortir sa propre musique. Pourtant, la bonne musique se tient hors du temps et reste à jamais d’actualité. Par conséquent, nous n’envisageons pas d’imposer une expression architecturale à la mode sur la Place des Nations. Nous cherchons à dégager une impression architecturale intemporelle qui maintiendra une forte présence en termes d’urbanisme pour de nombreuses années. Nous tentons d’em- bellir le volume impressionnant de la Cité de la Musique par une définition soignée des proportions des étages, un choix élégant de matériaux tout en retenue et par une conception minutieuse et détaillée. Nous sommes à la recherche d’une expres- sion moderne qui affiche dans le même temps le potentiel d’agir sur la durée.

Des espaces assimilables et l’ordre de l’établissement
La Cité de la Musique surprend par la diversité des programmes, les besoins et les exigences très différents des utilisateurs et les échelles variées des salles. Nous ambitionnons de fusionner cette diversité au sein d’un ordre structurel supérieur. L’opposition entre la masse et l’espace et entre le vide et le plein nous sert d’outil architectural primaire. Des empilements de cubes forment des espaces intérieurs variés et captivants. L’espace vide entre les cubes s’utilise à des fins diverses et variées en fonction des exigences. Des relations spatiales verticales et horizon- tales ainsi que des vues multiples sur le parc et la ville s’ouvrent entre les cubes. Le programme est organisé selon un principe simple. Les zones publiques constituent un centre culturel vertical donnant sur la Place des Nations. La grande salle de concert se tient à l’arrière-plan, accessible depuis les différents niveaux du centre culturel. La haute école de musique et les espaces arrière de la philharmonie s’arti- culent autour et forment la face vers l’extérieur. Alors que les zones publiques sont réalisées dans le classicisme basé sur des matériaux tels que la pierre, le bois, le verre et le béton, les espaces de l’arrière-plan sont construits de manière robuste et assimilable.

Urbanisme
La Cité de la Musique délimite précisément la Place des Nations. Un parvis adap- té sert d’adresse et de point d’arrivée près de l’entrée principale. Le corps de construction compact laisse suffisamment de place pour un parc aux dimensions généreuses qui fait partie intégrante de l’ensemble de la Cité de la Musique. En tant qu’institution publique, la manifestation du bâtiment est imprégnée d’une apparence monumentale et pourtant tranquille. L’échelle du bâtiment et de ses étages est brisée par la complexité et la profondeur de la façade assortie d’es- paces extérieurs escamotés pour le foyer, la restauration, etc. Les façades latérales permettent d’admirer la vue de la ville à partir du foyer. (…)

Structure du bâtiment
Une composition de corps cubiques définit l’apparence et l’organisation de l’es- pace, des accès et du programme de la Cité de la Musique. Ce principe structurel clair apparait en plan, en coupe et en vue, malgré l’éclatement des corps empilés à des zones verticales continues qui absorbent la technique du bâtiment, les éléments d’accès, les salles secondaires et occasionnellement le programme indépendant de la lumière naturelle. Dans le même temps, cela engendre des espaces lim- pides, étage par étage ou inter étages, d’éléments du programme qui s’agencent dans cet ordre de manière quasi naturelle. Le principe structurel conduit en outre à une composition spatiale sur plusieurs étages à laquelle s’intègre des circulations ouvertes rendant cette séquence spatiale perceptible.

Distribution du programme
Le bâtiment compact se compose de trois zones visibles : des espaces program- matiques empilés verticalement ayant une fonction d’interface avec la Place des Nations, des salles de concert associées aux utilisations secondaires et adminis- tratives correspondantes à la zone arrière et au sous-sol, enfin la Haute Ecole de Musique aux deux étages supérieurs. Des commerces, l’entrée principale avec la billetterie et le restaurant sont situés au rez-de-chaussée au niveau de la place. De cet endroit, le visiteur parvient au sous-sol grâce à un escalier ou à un ascenseur. Il accède au foyer, à la Black Box, à la salle de récital, à la salle lyrique puis à l’espace d’exposition à partir de ce sous-sol. Depuis l’entrée, le visiteur trouvera l’imposant foyer d’une double hauteur accessible au premier étage par l’intermédiaire d’un ascenseur ou de l’escalier principal. Le premier étage permet d’accéder directe- ment à différents bars, aux balcons, à l’espace VIP et au parterre de la grande salle de concert. Les autres foyers aux étages supérieurs et les accès correspondants à la grande salle de concert sont accessibles par l’intermédiaire de l’escalier princi- pal. L’administration de l’OSR et de la Haute Ecole de Musique ainsi que des salles d’exercice et des pièces secondaires se situent dans la couche spatiale envelop- pant la grande salle philharmonique. Élément complémentaire du centre culturel, la bibliothèque partiellement aménagée sur deux étages et comportant des salles de lecture, des espaces libres, etc. est implantée au troisième étage au niveau de la face donnant sur la place. Les salles d’exercice de l’OSR sont accessibles par l’intermédiaire de la cascade spatiale située à l’intérieur du bâtiment. La salle d’orgue et les auditoires se situent au-dessus. Implanté au niveau des deux étages de la Haute Ecole de Musique, le café conçu comme point de rencontre pour tous les étudiants, les musiciens professionnels, les invités externes et le grand public profite de son élévation qui lui assure une vue vers lac et le Mont Blanc au-dessus de la ville.

Choix des matériaux
La composition des cubes en plan se reflète à l’extérieur selon une perspective clairement visible de ces cubes entre les bandes horizontales des planchers sous forme d’apparence symbolique. Des plaques de travertin au format paysage sont utilisées aussi bien dans les parties opaques de la façade que dans les parties translucides de la façade qui scintillent la nuit. Les bandes horizontales des plan- chers sont constituées d’une tonalité claire dans le travertin et sont légèrement en retrait. Des vitrages de grandes dimensions munis de cadres en aluminium anodi- sés assortis de bois sont situés entre les cubes et sont en léger retrait par rapport aux bandes horizontales. Des balcons de deux étages sont en partie implantés entre les cubes. La façade en travertin intègre un système de lumière dynamique. Les pixels LED sont intégrés au matériau et suivent la structure du motif de la fa- çade sous forme de frise horizontale sur deux étages. Les animations lumineuses fournissent une interprétation de l’expérience sonore sur la façade, si bien que le rythme et les sons se fondent dans l’architecture statique. (…)

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EM2N Mathias Müller Daniel Niggli Architekten AG

Design team: 
Juliette Blatter, Baptiste Blot, Béatrice Bruneaux, Eloi Gonçalves,
Fabian Hoermann, Mathias Kampmann, Ilja Maksimov, Mathias Müller,
Daniel Niggli, Antonio Mesquita, Konrad Scheffer, Caroline Vogel